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Zepherina's Blog
24 avril 2009

Là, je crois que c'est vraiment la fin

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     Je n'ai jamais vraiment cru que c'était fini avec Maurice. Je gardais toujours plus ou moins inconsciemment l'espoir que ça durerait. Mieux, qu'on serait "vraiment" ensemble. Que je serais la personne qui réussirait à faire tomber ses craintes concernant une relation à deux. Qu'on se marierait, qu'on vivrait longtemps ensemble, qu'on aurait beaucoup d'enfants, j'en passe et des meilleures...

     C'était sans compter le côté sombre de Maurice. Il a une histoire familiale horrible. Son père, toxicomane et alcoolique notoire est mort noyé quand Maurice avait 7 ans, dans des circonstances troubles (reglement de compte ou suicide?). Par la suite, il a alterné les passages "à la rude" chez les grands parents, et les moments avec sa mère et des beaux pères très changeants. Sa mère a 2 soeurs. Une est schizophrène, régulièrement internée en hp, l'autre s'est suicidée. La mère de Maurice s'est mise en couple avec le mari de sa soeur décédée. Ses cousins sont devenus ses quasi-frères. Maurice boit de l'alcool régulièrement depuis l'âge de 9 ans.
J'arrête là pour le tableau, vous voyez à quel point Maurice a grandi dans un environnement sain et simple d'ailleurs (notamment au niveau affectif, ou tout est brouillé et entremêlé)

     A l'heure actuelle, Maurice boit beaucoup. Et a découvert les autres drogues il y a un peu plus d'un an qu'il consomme quand il en a l'occasion. Ca m'a toujours inquiétée, mais je voulais croire qu'arriverait un moment où il finirait par se poser, et diminuer ses consommations (tout ça grâce à mon amour, trop conne la fille!).

     Quand nous nous sommes revus la semaine dernière, on a passé un moment hors du temps. Une parenthèse. Je ne lui ai pas parlé de sa "copine", je voulais juste profiter de l'instant. Et lui aussi visiblement. On ne s'est rien promis, il devait simplement revenir d'ici quelques semaines à l'occasion d'un festival, et éventuellement rester un peu.

     Quelques jours près son départ, j'ai reçu un sms de lui me disant qu'il aimerait que l'épisode qui venait de se produire reste entre nous. J'ai immédiatement pensé à ce qu'il s'était passé il y a 1 an ou 2 : sa copine avait soit disant des messages anonymes sur son répondeur lui disant "méfie toi de Maurice et Zéphérina". C'était à mon avis juste une technique de sa part, de précher le faux pour savoir le vrai. Manque de pot, elle préchait le vrai...  Bref, je voulais en parler de vive voix avec Maurice, mais il restait injoignable.

     Je viens tout juste de l'avoir au téléphone. Bourré. On s'est expliqué par rapport à ces histoires de messages, c'est en fait lui qui recevait des appels anonymes, bref, c'est sans importance. Puis, j'apprends qu'il n'est plus avec sa copine, et qu'il vit à la rue.

     1er choc.

     2ème choc : c'est son choix.

     Il est ravi de cette vie. Il trouve qu'il a besoin d'en passer par là pour savoir qui il est vraiment. Il veut se défaire des attaches, du confort, pour repartir de zéro.
Malheureusement, je sors d'un stage de 6 mois dans une asso qui accueille essentiellement des gens de la rue, et je sais à quel point la rue, une fois que t'y as mis un pied dedans, tu n'en sors pas. Et je me rend compte que Maurice tient exactement le discours qu'aurait tenu un gars de la rue il y a 20 ans. Je lui ai dit tout cela, mais pour lui, vivre à la rue, c'est l'unique moyen d'arriver à ses fins (à savoir changer le monde).

     Ca me fait flipper grave. On ne peut pas souhaiter à quelqu'un qu'on aime de vivre à la rue. J'ai l'impression de le perdre pour toujours cette fois ci. Il a rompu au fur et à mesure tous les liens qu'il avait, avec certains de ses amis, avec ses parents, avec "ses" copines...

     C'est la 1ère fois que j'ai une telle impression de rupture. Ca fait tellement mal. je sais que je risque de ne plus jamais le revoir (il ne reviendra pas comme prévu car il n'a plus un sous et se trouve à l'autre bout de la France). C'est la fin de tous mes espoirs. Je me sens tellement démunie. j'ai envie de le prendre dans mes bras, de lui dire "arrête de déconner, c'est pas ça la vie, vient avec moi, on va être heureux, tu vas voir c'est simple l'amour".

     Putain j'ai mal. Je l'aime tellement.

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Commentaires
P
Mon commentaire a peut être été pris du mauvais coté... je ne dis pas qu'une personne ayant eu des problèmes ne peut pas s'en sortir et être heureux. J'ai moi même eu, quoi qu'on en dise, des soucis, mais je ne m'estime pas une cause perdue, ni quelqu'un de "déséquilibré" pour autant. Par contre, ce que je dis, c'est que l'on ne peut pas sauver quelqu'un qui n'a pas envie d'être sauvé, et au final, en faisant ça (ce que j'ai moi aussi fait avec une personne!), on se fait du mal, sans aider l'autre... On peut avoir un passé difficile et s'en sortir, mais comme on le disait plus haut, il faut en avoir envie ... et ça n'a pas l'air d'être le cas de Maurice actuellement!
N
"Je pense qu'il sait simplement que je serais là, quoi qu'il arrive, et quel que soit mon "statut" à ce moment là."<br /> Rien que ça c'est énOorme pour lui. Et c'est aussi ce qui peut lui donner la force de sortir du trou.<br /> Pour ce qui est de l'équilibre.....ce mot veut tout dire et rien dire à la fois effectivemment.<br /> Et dans la vie RIEN n'est acquis et surtout pas ce fameux équilibre d'autant plus dans cette société de plus en plus fragile.<br /> J'ai une copine infirmière de son état. le genre working girl qui travaillait de nuit et s'occupait de sa maison et de ses deux zouzoux le jour. La quarantenaire qui vient d'une bonne famille, que tout réussit, qui mène tout de front et que quand tu la vois, tu te dis " nom de dieu faites que je sois aussi belle et épanouie à son age !!"<br /> Fin octobre elle fait une chute en sortant de la boulagerie. Elle se fracture l'épaule. Jusque là, l'accident con mais pas grave du tout.... mais ensuite s'en est suivie une grosse dépression. Une tentative de suicide en décembre. Elle en est à sa troisième hospitalisation en HP. Et pour l'instant aucun psy ne sait quoi faire pour elle, car elle enchaine les nécroses. <br /> je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières hein.<br /> Mais c'est un fait réel. L'humain c'est plus compliqué que: je vais bien j'irai toujours bien. je vais mal, j'irai toujours mal.<br /> Je conseille la lecture de "la résilience" de Boris Cyrulnik. Merci à lui pour ce bijou qui donne espoir aux personnes qui ont tirés les "mauvaises cartes familiales"...Ou pour les "étriqués d'esprit"...;)
Z
Diantre, je n'avais pas vu le débat qu'avais provoqué mon post!<br /> <br /> Nath, tu as une histoire bouleversante, je comprends d'autant mieux tes précedents commentaires concernant mon histoire avec Maurice. je partage tout à fait ce que tu dis. Il est hors de question que je tourne le dos à maurice, mais je ne l'attendrais pas non plus. Je pense qu'il sait simplement que je serais là, quoi qu'il arrive, et quel que soit mon "statut" à ce moment là. cet homme fait partie de ma vie, il m'est impossible de m'en détourner.<br /> Quand à sa volonté d'autodestruction, j'espère qu'il aura la force, l'instinct de survie qui l'empechera de sombrer...<br /> <br /> Et je ne pense pas non plus qu'une personne "équilibrée" ne puisse pas être avec une personne "pas équilibrée". Heu, d'ailleurs, qui a dit que je suis équilibrée?! J'ai une énorme carence affective (sans doute responsable pour bonne part de mon attachement indefectible à Maurice), et une confiance en moi incroyablement médiocre. Le fait d'avoir un toit sur la tête et prochainement un métier ne font pas de moi une fille équilibrée, loin de là! ;) <br /> <br /> Merci à tous pour vos mots
L
Faire la part des choses entre ce que tu peux apporter et te protéger.<br /> <br /> Dur d'accompagner un camé.
N
Tu n'as pas employé les même mots cassandre. Je suis une hyper sensible aussi et malheureusement un mot pour moi à un sens point barre.<br /> Les gens équilibrés qui ne peuvent pas construire avec des personnes en difficultés pour moi c'est totalement FAUX.<br /> Elle le dit elle même c'est sectaire.<br /> Mon exemple n'est pas le seul je t'assure. Je suis éducatrice spé, comme quoi tout arrive. Et des histoires j'en ai entendues et vues.<br /> Qui te dis que je m'en suis "sortie" ?? certes j'ai réussie à construire une nouvelle vie qui tiens la route au vue de ce passé misérable, mais une histoire ne s' efface pas ainsi crois moi. C'est beaucoup plus compliqué....D'autant plus si tu prends en compte que lorsque tu as des enfants ceux-ci font résonner en toi ta propre histoire....<br /> Je suis ultra d'accord avec toi, on a une chance de s'en sortir une fois qu'on est prêt, il n'empêche que c'est plus facile à dire qu'à faire lorsque tu es "habité" par tes vieux démons....Des fois quand on est aussi mal on veut vraiment sans pouvoir. Il y a comme un bloquage qui t'empêche de te dépétrer aussi facilement que tu le voudrais.<br /> La naissance de mes enfants à été une sale période de rechute, lorsque ma fille à eu quatre ans aussi et j'en passe...<br /> L'amour oui, m'a aidé, mais j'ai oublié de préciser que sa patience aussi. Parfois j'ai même agis (inconsciemment) de manière à ce qu'il me quitte....de manière auto-destructrice.<br /> J'ai surtout eu de la chance de l'avoir LUI.<br /> Je ne dis pas qu'elle DOIT rester à espèrer quoi que ce soit. Je sais aussi que si elle garde contact ça ne va pas l'aider. Je suis bien consciente de tout cela. <br /> Mais lui tourner le dos n'est pas la solution non plus.<br /> <br /> oui, c'est compliqué tout ça....
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